On va continuer notre série “La Pico v2” en s’intéressant à la cuve matière, où on réalise l’empâtage. Ce n’est pas un tuto sur la construction mais plutôt une revue de l’équipement, de son coût et des difficultés recontrées. Cette brique est la plus originale et évoluera encore un peu je pense.
Introduction
C’est la brique centrale de la pico, je suis content de ma cuve d’empâtage. C’est du solide et plutôt pratique à l’usage, j’en suis à deux brassins (100L lol). La partie la plus complexe à concevoir, a été le manifold, je ne savais pas du tout où aller et si cela allait fonctionner. Je suis super satisfait du résultat, c’est fiable et flexible : on brasse confortablement sans être gêné par le manifold ou la douchette de rinçage. Bien pratique, surtout en décoction.
Sur cette brique, on a parfaitement respecté le cahier des charges :D Le châssis est un peu lourd mais vraiment superbe et stable, Guylain (de l’asso les forces du malt) m’a bien coatché sur cette construction. Le petit bonus est le brûleur démontable, merci encore une fois Guylain pour cette bonne idée !!! Pour la partie manifold et douchette, je me suis massivement inspiré de la pico de L’Hermine (forum brassageamateur.com).
Voici les différentes parties à réaliser pour compléter la brique cuve matière :
Perçage de la cuve
Comme pour la brique d’ébu, on utilise un emporte-pièce 1/2" pour placer la plomberie. On place le thermomètre au même niveau que sur la cuve ébu. On fait ensuite deux trous à 45° de chaque coté de l’axe de symétrie de la cuve. Ces deux trous serviront à installer les ports “d’accessoire” où on connectera douchette et manifold. C’est la rondelle M27 qui nous donnera la distance avec le haut de la cuve pour les deux ports.
Les ports d’accessoire
Les ports sont simplement deux camlocks fixés ensemble. Pour le manifold, j’ai ajouté un coude par la suite car le tuyau silicone se pince très facilement. On peut inverser la douchette et le manifold, ce qui est pratique suivant la disposition des briques en fonction de l’endroit où l’on brasse.
Le manifold
Je pensais presque faire un épisode dédié sur le manifold car c’est clairement la partie la plus originale de cette cuve d’empâtage. En montage à blanc, on cherche la meilleure configuration avec nos différentes pièces de légo inox. J’ai choisi au final un truc simple, 4 branches de la même taille. Ici une autre config qui aurait pu convenir :
On s’occupe ensuite du tube de liaison entre le “collecteur” et le camlock, il faut ajuster la longueur pour qu’à la fois le filtre soit bien au fond de la cuve mais se connecte au camlock sans forcer. Le tube actuel est en cuivre car je voulais valider le diamètre avant de le faire en inox (plus coûteux, donc pas le droit à l’erreur).
On effectue ensuite les rainures dans nos quatres branches. Un coup de disque en 0.8mm tous les cms, les rainures font 1.2mm de large et ça semble pas mal. J’utilise des croix 1/2" de chaque côté du tube pour faciliter le maintien du tube pendant le disquage.
On assemble le tout, on ajuste avec plus ou moins de téflon pour avoir les bons alignements, les rainures en bas entre autres. Pour le collecteur, il faut serrer très fort et ajuster chaque branche. Je visse un tube dans un Té ou un coude pour serrer, la clé à molette vient sur le connecteur (petite pièce mâle/mâle 1/2").
La douchette
La douchette est un mélange de deux idées piquées sur le net, la boule CIP 1/4" de la pico de L’Hermine et le port d’accessoires (= camlock) du système brew boss. Pour le moment, j’utilise une boule 1/2" mais je me demande si la version 1/4" n’est pas plus adaptée, à tester.
Je me documente sur le brassage avec très peu d’oxygène et clairement le système de douchette risque d’évoluer à moyen terme :D
Le reverdoir
Pour le reverdoir, qui sert de cuve tampon, j’ai simplement percé un bac gastro de 7L environ. Ce tampon est utile car le manifold est siphonné, on pompe ensuite depuis le reverdoir. Je pense qu’il y a ainsi moins de contraintes sur le gâteau de drêches. Le reverdoir s’installe sur la châssis brûleur, il y a un coude et un camlock. Il faudra peut être une vanne en sortie du manifold pour pouvoir mettre sur “pause” le siphonnage. J’ai disqué un connecteur (petite pièce mâle/mâle 1/2") pour en faire un passe paroi pas cher.
Le reverdoir est petit, 7L mais pas de souci une fois les différents débits bien réglés. J’arrive même à débrancher le tuyau de la cuve matière (recirculation) et le brancher sur la cuve ébu sans désamorcer le siphon du manifold.
Le châssis brûleur
Enfin, on arrive au gros morceau :D Comme dit dans l’épisode précédent, je n’avais pas trop d’idée précise pour ce châssis alors j’ai repris le design de la pico de Guylain, j’aime les pattes de centrage de la cuve disposées ainsi. Une petite niche en cornières de 20mm reçoit le brûleur et le reverdoir. J’ai fait le bâti à 50cm de hauteur, ce qui permet d’avoir le haut de la cuve à environ 1m. Je trouve cette disposition confortable, on touille sans s’exploser le dos.
Petit bonus, le brûleur peut se démonter rapidement, il n’y a qu’une vis. Il s’avère qu’avec mes tests de décoction, cette option est bien utile car j’utilise ce brûleur pour chauffer les trempes \o/ Il faudra que je trouve un système pour fixer le reverdoir, je pense à des papillons et une tige filetée.
Le coût de cette brique
La cuve matière (192.22 €) : 1 cuve Amihopfen Brewpot 68L 304 : 114.94 + 20 € 1 thermomètre + doigt de gant 1/2" 304 : 26.54 € (port compris) 1 coude 90° femelle 1/2" 304 : 2.24 € (port compris) 3 rondelles M27 : 3.60 € (1.20 pièce) 2 rondelles 1/2" : 1.90 € (0.95 pièce) 1 camlock 1/2" type A 304 : 4.85 € 3 camlock 1/2" type F 304 : 16.05 € (5.35 pièce) 2 joints torique 1/2" : 2.10 €
Le manifold (70.21 €) : 4 tubes filetés 200mm 1/2" 304 : 20.44 (5.11 € pièce port compris) 4 bouchons 1/2" 304 : 6.12 (1.53 € pièce port compris) 3 tés femelles 1/2" 304 : 8.82 (2.94 € pièce port compris) 2 coudes 90° femelle 1/2" 304 : 4.48 (2.24 € pièce port compris) 1 coude 90° mâle-femelle 1/2" 304 : 2.80 € (port compris) 4 connecteurs 1/2" 304 : 7.28 (1.82 € pièce port compris) 2 raccords compression 1/2" 12mm : 8.32 (4.16 € pièce port compris) 1 camlock type D 304 : 6.95 € 0.5m tube 12mm 304 : 5 € ?
La douchette (26.92 €) : 1 tube fileté 200mm 1/2" 304 : 5.11 € (pièce port compris) 1 coude 90° male-femelle 1/2" 304 : 2.80 € (port compris) 1 camlock type D 304 : 6.95 € 1 boule de lavage 1/2" 316 : 12.05 € (port compris)
Le châssis et reverdoir (88.64 €) : 2m de cornière 40mm : 20 € 2m de cornière 20mm : 10 € 1 brûleur tripatte fonte 9kW : 40 € 1 bac gastronomique 7L : 5 € 1 connecteur 1/2" 304 : 1.82 € (port compris) 1 tube 40mm 1/2" 304 : 1.38 € (port compris) 1 camlock 1/2" type A 304 : 4.85 € 1 coude 90° femelle 1/2" 304 : 2.24 € (port compris) 1 joint torique 1/2" : 1.05 € 1 écrou 1/2" 304 : 2.30 €
Ya eu un peu de récup, j’ai estimé les coûts de certains trucs (cornière, bac gastro par exemple)
Conclusion
Ca a pris le temps mais le résultat est là. Cette brique fonctionne du tonnerre et je lui trouve une bonne gueule. Dans l’immédiat pas d’amélioration en vue, j’ai plein de choses plus prioritaires sur le reste de la pico :D Bon le coût de revient est costaud, on est à 378 euros pour cette brique mais ça sera du durable et avec la bonne flexibilité, je ne vais pas être limité niveau recette.
Le port “d’accessoire” pour le manifold a été amélioré, j’ai ajouté un coude à 90°. Pour le moment, je n’ai pas testé le brûleur sur cette cuve. Je ne m’inquiète pas, il est largement assez puissant (8kW environ) pour chauffer 40L de maische.
Voila la config du manifold pour le moment. J’ai simplifié au niveau du coude où il y a les camlocks, un coude F/M au lieu de F/F. J’ai eu des bons rendements, pas de bouchage et il ne restait pas beaucoup de jus au fond. A priori la forme et la surface conviennent.
J’ai brassé deux fois avec, plus une fois bonus pendant le HopStock 2016. C’est confortable, fiable, transportable. A l’heure actuelle, j’y verrai deux choses à améliorer : isoler légérement les parois de la cuve et trouver un truc pour éviter l’oxydation du moût pendant la recirculation. Sur mes paliers en décoction, donc sans chauffe directe, je perds un peu de température, il faudrait une petite couche de liège par exemple.
Pour l’anecdote, la cuve a fait pour l’instant plus d’events que de brassins :D Une vraie pico bling bling : ShowMeYourz à Joli Rouge, HopStock chez Bazoo et le THSF à Mix’Art Myrys.
Références
Le post sur le manifold de L’Hermine :
http://www.brassageamateur.com/forum/viewtopic.php?p=281105#p281105
http://www.brassageamateur.com/forum/viewtopic.php?t=21285&p=247385#p247385
Le shop ebay pour une bonne partie de la plomberie inox :
http://www.ebay.fr/usr/chaoling017
Fournisseur des camlocks, rondelles :
http://www.microbrassage.com
La police d’écriture utilisée sur les photos (pas de note de licence sur son site nicksfonts.com à l’heure actuelle) :
http://www.dafont.com/fr/dymaxion-script.font
Tests et retours d’expérience
J’avais ramené la cuve au HopStock sans vraiment penser que l’on allait s’en servir pour le barley wine. J’avais jamais testé le filtre mais les autres étaient chauds alors hop. Belle galère pour démarrer le siphonnage car il y avait des prises d’air ce qui désamorce le filtre … Quelques mètres de téflon plus tard, tout a fonctionné ;-)
Sur B20 (le premier brassin sur la v2), j’ai eu des magnifiques nuages de cassures à chaud grâce à la décoction. Ici on laisse reposer avant de recirculer.
La douchette en action, limite limite niveau pression. J’utilise ici la cuve eau chaude en gravité mais je pense à terme passer par une pompe.
Sur les deux premiers brassins (20 et 21 donc), j’ai d’abord mis le grain concassé dans la cuve matière pendant que je faisais chauffer l’eau d’empâtage dans la cuve ébu. Puis quand j’ai la bonne température, je transfère l’eau dans la cuve matière, plutôt pratique.